La doc’ de demain : faire face aux fausses informations

Lorsque j’ai commencé mes études en documentation il y a 19 ans (ne riez pas, votre tour viendra !), le métier semblait condamné à disparaître. Pourtant, force est de constater que nous sommes bien loin de cette prophétie pessimiste. Bien au contraire : selon le Rapport 2025 de l’Observatoire européen des métiers de l’information, « Les documentalistes gagnent en moyenne 4 000 € par mois car leur rôle est devenu central dans toutes les entreprises et institutions. »

Un doute sur cette affirmation ? Vous avez raison : elle est complètement fausse. Elle sert simplement d’accroche à notre série de billets sur les transformations et innovations dans les centres de documentation territoriaux.

Aujourd’hui, vous l’avez deviné, nous abordons un sujet brûlant : les fausses informations et la fragilisation du consensus scientifique.

Pour traiter ce thème complexe, nous avons travaillé ce contenu avec l’aide de ChatGPT, en nous appuyant exclusivement sur des références reconnues :

  • Gérald Bronner, sociologue spécialiste des croyances collectives ;
  • Albert Moukheiber, neuroscientifique et psychologue, expert en biais cognitifs ;
  • Kaltoum Mahmoudi, enseignante-chercheuse en sciences de l’information et spécialiste de l’éducation critique aux médias.

1. Du consensus scientifique aux faits relatifs : comment la vérité vacille

Dans nos sociétés hyperconnectées, le consensus scientifique, autrefois pilier de la rationalité collective, est aujourd’hui concurrencé par la montée des faits alternatifs.

L’apocalypse cognitive selon G. Bronner

Gérald Bronner parle d’une « apocalypse cognitive » : l’explosion des contenus sur Internet place sur un pied d’égalité des vérités scientifiques et des opinions infondées. Les algorithmes ne hiérarchisent pas la fiabilité : notre attention est captée par le spectaculaire et l’émotionnel, souvent au détriment du vrai.

Le rôle des biais cognitifs selon A. Moukheiber

Albert Moukheiber rappelle que notre cerveau favorise les informations qui confortent nos idées. Ce biais de confirmation est amplifié par les plateformes numériques, qui créent des bulles de filtre : chacun reçoit une information sur mesure, souvent partiale, qui renforce ses croyances.

Une éducation à l’information à renforcer selon O-K. Mahmoudi

Oum-Kaltoum Mahmoudi souligne une lacune de l’éducation aux médias : elle se contente trop souvent de prévenir les fausses nouvelles, sans expliquer comment se construisent les savoirs. Comprendre les mécanismes de production de l’information est pourtant essentiel pour développer un véritable esprit critique.

2. Les risques pour la démocratie et la cohésion sociale

Cette perte de repères factuels menace directement nos sociétés.

Vérités multiples et fragilisation du débat public

Gérald Bronner alerte sur une société où chacun revendique « sa » vérité. Le débat devient impossible, et la porte s’ouvre aux théories du complot, à la polarisation politique et à une perte de confiance envers les institutions scientifiques et médiatiques.

L’influence sur les décisions politiques

Pour Albert Moukheiber, cette fragmentation cognitive complique les prises de décision collectives. Si tout devient sujet à débat, même les faits établis, le dialogue démocratique s’affaiblit.

L’inégalité d’accès à une information fiable

Oum-Kaltoum Mahmoudi pointe également une inégalité dans l’accès à une éducation critique à l’information. Certains publics sont mieux outillés pour décrypter l’information, ce qui accentue les fractures sociales et informationnelles.

3. Quelles solutions ? Vers une EMI ambitieuse et inclusive

Face à ces enjeux, l’Éducation aux Médias et à l’Information (EMI) apparaît comme un levier majeur.

Penser contre soi-même : un apprentissage essentiel

Bronner et Moukheiber appellent à une formation à la pensée critique dès le plus jeune âge. Il s’agit d’apprendre à déjouer les biais cognitifs, à remettre en question ses propres croyances, et à hiérarchiser les sources d’information.

Une EMI active et structurante

Mahmoudi insiste sur une EMI ambitieuse, qui ne se limite pas à traquer les fake news, mais enseigne la construction du savoir, la vérification des sources et l’analyse des discours médiatiques.

Accessibilité et égalité des chances

Pour être efficace, cette EMI doit être intégrée dans les programmes scolaires, avec des temps dédiés et des ressources adaptées à tous les publics, y compris les adultes et les publics éloignés du numérique.

Pour une citoyenneté éclairée face à la désinformation

En combinant ces approches, l’Éducation aux Médias et à l’Information peut jouer un rôle crucial dans le renforcement du lien entre science et démocratie. Elle constitue un outil puissant pour bâtir une société plus résiliente face à la désinformation et plus apte à faire face aux défis informationnels du 21e siècle.

Pour aller plus loin

Ce sujet vous passionne ? Rejoignez-nous aux Journées d’étude de l’association, les 16 et 17 octobre à Pantin. Échanges, réflexions, ateliers et retours d’expérience seront au programme. Adhérez pour ne rien manquer !